La tuile : la colique du cheval !

Qu'est ce qu'une colique ?

Le terme colique est un terme général qui regroupe toutes les douleurs abdominales du cheval. Il ne s'agit donc pas toujours un problème digestif même si c'est le cas de figure le plus fréquent.

Comment peut-on reconnaitre une colique ? Pourquoi apparait-elle ?

Une colique se repère par un comportement inhabituel du cheval. Il peut se gratter, se regarder les flancs, être couché, se rouler, faire du flehmen (lèvre supérieure retroussée), transpirer au repos, avoir l'abdomen dilaté, de l'aliment au niveau des naseaux... Dans les paramètres plus spécifiques et facilement vérifiables,  on aura une augmentation du rythme cardiaque et respiratoire, une diminution ou absence des bruits digestifs.
Un autre signe évident est l'absence de crottin. Mais attention, un cheval qui passe du crottin peut quand même être en colique s'il montre des signes d'inconfort, il suffit que le problème se situe plus en avant... il y a quand même une trentaine de mètres d'intestin !
La question "pourquoi ?" est moins évidente. J'ai tendance à dire que si on le savait il n'y aurait plus de colique ! lol
Pour les coliques purement digestives, les plus fréquentes sont dues à des erreurs d'alimentation, à un manque d'accès à l'eau, à un cheval trop gourmand qui vide son box, à des changement environnementaux... Mais le "pas de chance" arrive aussi sans véritable raison !
Pour les coliques non digestives, tout dépend du système en cause... Ca serait un peu long à développer !

Comment bien réagir face à une colique ?

Je prêche pour ma chapelle, mais oui, il faut appeler le vétérinaire ! Une colique prise au début peut se résoudre facilement et vous coûtera surement moins cher au final !
Dans tous les cas, il faut empêcher le cheval de manger, l'idéal étant de lui mettre un panier à jeun.
Si le cheval est calme, ne transpire pas, à des muqueuses roses claire (soulever la lèvre supérieure pour les voir) et un rythme cardiaque normal, on peut le marcher d'un bon pas pendant 30 minutes. Mais s'il essaye de se coucher pendant ce temps ou qu'il remontre des signes d'inconfort, sautez sur votre téléphone et appelez votre sauveur (votre véto préféré) au plus vite !
Si le cheval est très violent (se jette dans les murs, se jette par terre, tape des antérieurs), transpire beaucoup, que son abdomen est dilaté, que ses muqueuses ont changé de couleur, que son rythme cardiaque est augmenté,... il ne faut pas hésiter et appeler tout de suite votre vétérinaire qui viendra dans les meilleurs délais. En l'attendant, il est aussi judicieux de s'organiser pour un éventuel transport vers une clinique (surtout si l'on n'a pas de moyen de transport à disposition) comme ça le temps de réaction en cas de besoin sera encore meilleur.
Encore une fois, la rapidité de réaction, principalement dans la détection d'un problème, est primordial.  Certains type de colique, comme la torsion ou lors d'hémorragies interne importantes, peuvent causer la mort en quelques heures seulement !

Est ce quelque chose de courant chez le cheval? On entend régulièrement parler de la mort de chevaux suite à une colique, cela arrive t'il si souvent que cela?

Il faut bien reconnaitre que le cheval est un animal délicat et qu'il est assez sensible aux coliques. C'est donc une possibilité qu'il faut toujours garder en tête quand votre cheval est "bizarre".
Les coliques sont une des principales causes de mortalité chez le cheval. Maintenant, il ne faut pas dramatiser non plus ! Si votre cheval a une colique ça ne veut pas dire qu'il va mourir !
Dans l'ensemble, on peut dire que 90% des cas de colique sont résolues "médicalement" sur le terrain (par administration d'antalgiques, sondage nasogastrique avec administration d'huile de paraffine ou autre lubrifiant, fluidothérapie). Les 10% restants peuvent nécessiter une hospitalisation voir une chirurgie pour sauver la vie du cheval. Malheureusement, il est aussi parfois trop tard, pour diverses raisons, et l'euthanasie est alors la seule solution pour soulager le cheval. C'est pour ça qu'il faut réagir tôt !
La chirurgie représente un certain budget, c'est sur. C'est déjà moins problématique quand le cheval est assuré en "soins vétérinaires" vu que les frais sont pris en charge. Mais c'est une décision qu'il peut être intéressant d'envisager, une opération précoce ayant plus de chance de réussite.

Comment peut on la prévenir? Y'a t'il des "petits trucs" qui permettraient aux cavaliers de protéger leur monture face à cette maladie: au niveau alimentaire, comportemental?

Les seules coliques qu'on peut essayer de prévenir sont celles d'origine alimentaires. Ce sont les plus fréquentes d'ailleurs !
Les règles de base sont de fractionner les repas, minimum 2 par jour, de donner une nourriture équilibrée, plutôt sous forme de floconnés, de ne pas oublier de donner du bon foin (qui sent bon, à une jolie couleur et ne présente pas de moisissures) et surtout qu'il y ait un apport facile en eau. Si vous avez un doute sur la consommation en eau de votre cheval avec les abreuvoirs automatiques, n'hésitez pas à mettre un seau d'eau !
Il ne faut pas non plus oublier de vermifuger ! Les vers peuvent être une source de colique, entre autres problèmes. Penser à donner un vermifuge 4 fois par an, en faisant une rotation raisonnée des molécules (parlez en à votre vétérinaire qui vous indiquera un bon plan de vermifugation).
Dans les petits trucs, on retrouve les classiques mash ou barbotages (floconnés mouillés avec du son au dessus pour absorber l'eau) à distribuer une fois par semaine. Pour les chevaux gloutons, une pierre (une pierre à sel fait très bien l'affaire) dans la mangeoire ralentie la prise de nourriture. Les grands amateurs de paille qui vident leur box en une matinée seront passés sur copeaux (ou autre litière alternative). Les chevaux qui ont des crottins un peu secs ou sont du style à avoir de petites coliques récidivantes peuvent avoir un peu d'huile alimentaire dans leur granulé (jusqu'à 5 dl s'ils ne sont pas gênés par le goût).
En cas de fortes chaleur, on évitera de sortir les chevaux au moment des pics de chaleur et on s'assurera qu'ils ont assez d'eau à disposition.
Si les chevaux sont nourris en pâture, sur un terrain sablonneux, on met du foin dans un ratelier et la nourriture dans des mangeoire.
Il faut éviter les pulpes de betteraves - et autres aliments qui gonflent fortement en présence d'eau - ou bien les réhumidifier avant de les donner (dans de bonnes condition d'hygiène).
Et bien sur essayer d'éviter au maximum le stress au moment des repas... ce qui est plus facile à dire qu'à faire !

En bref, une bonne gestion, un bon aliment (avant tout du foin, indispensable), de l'eau en suffisance et une bonne surveillance permettent d'éviter la plupart des problèmes !

Y'a t'il des erreurs à ne pas commettre??

Des tas ! lol
La première est de se dire "ça finira bien par passer". Il y a toujours des bonnes âmes pour vous raconter l'histoire de tel cheval qui s'en est sorti tout seul. Ils omettent toujours de parler de ceux pour qui ça n'a pas été !
Donc la première erreur est d'oublier d'être vigilant ! Quitte à me répéter, appeler votre vétérinaire ! Il vaut mieux qu'il vienne pour rien que de le faire venir trop tard.
Le chapitre alimentation est bien développé dans la question précédente... je ne vais pas me répéter ! ;-)
Si le cheval en colique est violent et que vous n'avez aucun professionnel expérimenté sous la main, pensez d'abord à votre propre sécurité. Laissez le dans un endroit calme et, idéalement, où il ne risque pas grand chose en attendant l'arrivée de votre vétérinaire (tout en organisant un éventuel transport vers la clinique).
Ne faites pas d'injection ou ne donner pas d'antalgiques par la bouche avant d'avoir eu votre vétérinaire. Ils peuvent masquer des symptômes importants et donner une impression de moindre urgence... et donc présentent un danger pour la vie de votre cheval

Dans les petits détails qui ont leur importance... ne mentez pas à votre vétérinaire !

Il n'est pas là pour vous juger mais pour essayer de trouver une solution au problème. S'il lui manque des données, ça peut être très difficile ! Alors laissons l'orgueil de côté pour tenter de sauver votre cheval.

Le Blog remercie le Dr Ludmilla Butzbach, DMV en Belgique, et Alexandra HCL, notre reporter favorite et photographe du blog pour cette excellente collaboration !